Undertaker
Tome 1 : Le Mangeur d'or
Scénario : Xavier Dorison
Dessins : Ralph Meyer
Couleurs : Caroline Delabie et Ralph Meyer
Dargaud
Le banquet des rapaces
Jonas Crow, croque-mort, doit convoyer le cercueil d'un ancien mineur devenu millionnaire vers le filon qui fit autrefois sa fortune. Des funérailles qui devraient être tranquilles, à un détail près : avant de décéder, Joe Cusco a avalé son or pour l'emmener avec lui dans l'éternité. Pas de chance, le secret est évent(r)é et provoque la fureur des mineurs d'Anoki City.
Certes, il n'a pas le teint verdâtre ou jaunâtre de ses confrères de Lucky Luke, mais Jonas Crow voyage accompagné d'un vautour. Pourtant, le récit démontre à suffisance que Jed, le volatile, n'est sans doute pas le pire charognard de l'histoire ! Voici donc l'attendu tome 1 de cette nouvelle série de Dorison et Meyer, attente savamment entretenue par un "teasing" soutenu via facebook. Attente récompensée, surtout, en découvrant avec Le Mangeur d'or et son héros croque-mort un western haut de gamme !
L'étiquette apposée sur la couverture claironnant "le plus grand western depuis Blueberry" est excessive, mais il est cependant fort difficile de ne pas penser à la vision du far-west de Giraud en se plongeant dans cette aventure. En effet, tout en gardant son identité, le dessin de Ralph Meyer lorgne vers celui de Gir, les ambiances et même la palette de couleurs évoquent les pistes parcourues par Mike S. Donovan.
Pourtant, Undertaker possède sa propre originalité. Le héros, d'abord, et sa profession, propice au développement d'un humour noir et pince-sans-rire. Un humour qui ne manque pas, au second degré, dans les 54 pages de ce premier épisode. En effet, si nombre de situations rappellent des "classiques" du western, cinématographique ou BD, Dorison en redistribue les codes. Outre le compagnon de l'Undertaker, on y croise de nombreux rapaces. Cusco, le mineur mégalo, mais aussi son personnel exploité, ses mineurs affamés, les commerçants avides, le sheriff pas très net... Tout ce petit monde est prêt à s'étriper pour l'or dans un scénario mené au grand galop qui s'enrichit et se complexifie progressivement.
Les auteurs y donnent corps à des personnages solides et attachants, qui gardent une part de mystère aussi, comme cette Rose Prairie, qui se dévoile peu à peu. Elle n'est pas (que) la bigote au service de Cusco, mais, à l'instar de l'Undertaker, qui est-elle vraiment ? Une question, parmi d'autres, qui devrait trouver réponse dans le tome 2, La Danse des vautours, et qui renforce, si nécessaire, l'impatience en attente de celui-ci. Si nécessaire... car Le Mangeur d'or offre, déjà, un énorme plaisir de lecture !