H.ell
Tome 2 : La nuit, royaume des assassins
Scénario : Stephen Desberg
Dessins : Bernard Vrancken
Couleurs : MIKL
Le Lombard
Entre les ombres
Le chevalier Harmond Ellander (H.ell) a commis une faute irréparable. Il est banni par le Roi et condamné à servir comme questeur au sein de la police de la ville. Arraché au confort de la cour royale et plongé dans les bas-fonds de la cité, il lui faudra apprendre les codes de son nouvel univers. Et il devra le faire sans tarder : des mystérieux prédateurs rôdent dans les ruelles et laissent dans leur sillage des cadavres atrocement mutilés. Et le "poison bleu", une nouvelle drogue qui fait des ravages dans la population, n'atténue aucunement le climat de terreur qui se développe dans la cité.
Le premier tome de H.ell avait surpris et séduit, et le moins que l'on puisse dire est que La nuit, royaume des assassins confirme ces bonnes impressions. En effet, c'est en lisant ce nouvel opus que l'on mesure combien son prédécesseur constituait un épisode de mise en place de l'univers très particulier de la série et de ses protagonistes.
Cette fois, Stephen Desberg reserre son scénario, multiplie les rebondissements, tout en dévoilant, progressivement, l'ampleur de l'intrigue générale. On en apprend plus sur Harmond, sur son passé et sur sa faute, à travers divers flash-backs, alors qu'au présent celui qui est devenu questeur progresse dans ses recherches. Son enquête fait pourtant, indirectement, écho à sa propre histoire. Parmi les personnages, Hanova, qui apparaît peu dans cet album-ci, conserve tout son mystère. Par contre, les multiformes sont beaucoup plus présents, renforçant la dimension fantastique (et parfois horrifique) de l'intrigue. Le donjon lui-même n'offre plus qu'une illusoire protection face aux prédateurs, alors que les actes de ces derniers semblent répondre à une certaine logique.
Bernard Vrancken a presque recréé son dessin pour aborder cet univers totalement différent de celui d'I.R.$, et en démontre la maîtrise sur des planches baignant dans une atmosphère particulièrement sombre et inquiétante. Le dessinateur joue sur les ombres, les silhouettes et les lavis, la précision des images des aventures de Larry B. Max cède la place à un style davantage expressioniste, efficace et cependant élégant, parfaitement en phase avec la tonalité générale de la série.
Ne relevant ni vraiment de la fantasy ni totalement du médiéval fantastique, H.ell serait plutôt à rapprocher de la dark fantasy d'une série comme Chronique des immortels (Paquet). Pour peu que l'on accroche au genre et que l'on ait apprécié La mort, sous toutes les formes, le premier épisode, La nuit, royaume des assassins s'avère passionnant et envoûtant de la première à la dernière planche et attise déjà notre impatience envers un troisième volet.