
Canardo
Tome 23 : Mort sur le lac
Scénario : Benoît et Hugo Sokal
Dessins : Pascal Regnauld
Couleurs : Hugo Sokal
Casterman
L'amnésique
Branle-bas de combat au conseil des ministres du Belgambourg ! Venues de la Belgique toute proche, via le lac Belga, des bataillons de chômeuses wallonnes déferlent sur le Duché, où elles alimentent travail au noir et réseaux de prostitution. Il faut agir ! D’où le retour aux affaires de l’ex-commissaire Garenni, bombardé patron de la police du lac. Au bar du port il retrouve son vieux complice Canardo. Celui-ci enquête pour le compte d’une jeune femme amnésique à la recherche de son identité. Sauvée de la noyade dans le lac par un pêcheur qui l’a recueillie, elle a tout oublié de son passé et ne possède rien qui pourrait permettre de l’identifier. À l’exception d’une chose : un bouton de manchette en or frappé aux armoiries du Belgambourg…
Sokal s'inspire à nouveau de l'actualité pour contextualiser cette 23ème aventure de Canardo, évoquant les clandestins qui traversent la méditerannée et les jeux d'une classe politique bien pourrie. La mission de Garenni, les turpitudes du Baron, neveu de la Grande Duchesse du Belgambourg semblent en effet n'être que des leurres pour détourner l'attention de quelque chose d'encore plus sombre. Canardo se retrouve embarqué dans une enquête aux gros enjeux et il a beaucoup de mal à conserver son flegme et son humour pince-sans-rire face à quelque chose qui le dépasse. À défaut de trouver le réconfort auprès de la belle Laura, c'est dans la bouteille que notre privé palmipède repique.
Benoît et Hugo Sokal signent une intrigue plus complexe que d'habitude, dont l'aboutissement apparaîtra seulement dans le prochain album intitulé La mort aux yeux verts. Peut-être est-ce cela qui explique un petit manque de rythme dans le scénario. Il est nécessaire d'expliquer, développer, et les multiples tenants et intervenants de cette aventure ne leur facilitent sans doute pas la tâche. On retrouve cependant tout ce qui fait le charme de la série. Les allusions à l'actualité, des dialogues ciselés, de multiples clins d'oeil et, pour le coup, une atmosphère vraiment très noire. Quant au personnage de Laura, il fallait décidément oser le calquer sur un certain Jason Fly !
Côté dessin, Pascal Regnauld a pris les commandes de la série et lui assure une mise en images impeccable. Décors, ambiances et surtout personnages animaliers, parfaitement caractérisés sont bien au rendez-vous. Les couleurs de Hugo Sokal complètent judicieusement le (sombre) tableau. Au fil des ans, Canardo est devenu un classique, et on lui pardonne quand même volontiers l'une ou l'autre faiblesse pour répondre avec plaisir à son rendez-vous annuel.