Les Chemins de Compostelle

Tome 2 : L'Ankou, le Diable et la Novice

Scénario et dessins : Jean-Claude Servais
Couleurs : Raives

Dupuis

La route initiatique

À la pointe Saint-Mathieu, dans le Finistère, un crime odieux a été commis. Dominique, un jeune vagabond qui rôdait dans le coin cette nuit-là, rejoint un groupe de marcheurs à leur point de départ des chemins de Compostelle bretons. Au même moment, Blanche, dans les Ardennes, passe par la ligne Maginot. À l'occasion d'un fest-noz, grand bal breton, Dominique rencontre Céline, partie seule du Mont-Saint-Michel. Ensemble, ils quittent le chemin traditionnel vers Compostelle pour se rendre dans la forêt de Brocéliande, lieu magique et légendaire... mais pas sans danger !

S'il est ici question de crimes, c'est plutôt un prétexte pour articuler la trame de ces ambitieux Chemins de Compostelle (7 albums prévus) entrepris par Jean-Claude Servais. Ils ne devraient pas, précisons-le, trouver large écho parmi les amateurs de polars purs et durs ou de thrillers à rebondissements.

En effet, l'auteur nous conte 4 itinéraires vers Compostelle, choisis par 4 personnages principaux. Leurs cheminements vont mettre en lumière leur histoire, mais aussi les nombreux symboles initiatiques , tant dans la tradition du pèlerinage que dans la tradition alchimique ,que croise le quatuor.

Sevais nous fait ainsi emboîter le pas de ses personnages, construisant peu à peu son récit, au gré des étapes, volontiers empreintes de magie ou de sorcellerie. Si, pour la première fois, l'auteur gaumais sort de sa région de prédilection, ces Chemins de Compostelle restent du Servais. En effet, on y retrouve son attachement pour le terroir, ses croyances et ses traditions, fort joliment présentées. Après une rencontre avec une "Tchalette" dans le premier tome, les apparitions de la mort et de l'Ankou dans celui-ci, ainsi que l'imagerie de la forêt de Brocéliande, rappellent l'inspiration des débuts de l'auteur davantage tournée vers le fantastique et les légendes .

Et c'est finalement par petites touches que Jean-Claude Servais construit sa partie "enquête", tout comme il explore le passé de ses héros avec sensibilité, éclairant peu à peu les raisons qui les amènent à entreprendre ce pèlerinage. Pas après pas on se laisse conduire, on apprend et on découvre au gré des rencontres effectuées, charmés par un dessin toujours remarquable fort bien soutenu par les couleurs de Guy Raives. Jean-Claude Servais s'est rendu en certains des endroits décrits, et cela se ressent, comme la passion qu'il éprouve pour son sujet et les éléments traditionnels qu'il met en scène, et qui constituent les témoins, intemporels, d'une véritable Culture. Bon voyage !