Est-Ouest
Scénario : Pierre Christin
Dessins et couleurs : Philippe Aymond
Dupuis, collection Aire Libre
De l'autre côté des rails
Du grand Ouest américain aux territoires les plus reculés du bloc communiste, le scénariste Pierre Christin raconte ses voyages des deux côtés du rideau de fer, chose rare du temps de la guerre froide. Il évoque aussi ses rencontres avec d'éminents dessinateurs. Entre Flower Power et catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le scénariste de Valérian et Laureline se dévoile au fil d'une histoire subjective de la seconde moitié du XXe siècle, tracée en parallèle de son parcours artistique.
Pierre Christin puise dans ses souvenirs pour cet étonnant Est-Ouest, sorte de road-movie géographique et historique dans lequel ses voyages et ses investigations pour ses histoires dessinées croisent plus d'une fois le scénario de la grande Histoire. Entre l'Est et l'Ouest, entre les USA à l'image idéalisée par les westerns et le terne bloc de l'Est politiquement aggloméré autour de l'URSS, Christin taille sa route et modèle peu à peu sa carrière, jalonnée de rencontres avec Charlier et Goscinny, Giraud, Bilal...
Son périple est également marqué, dès l'enfance, par son amitié avec Jean-Claude Mézières, qui portera en images Valérian, sa série la plus populaire. D'un Empire des mille planètes à une seule planète qui semble comprendre de nombreux univers, Christin se construit, prend notamment consciences d'inégalités établies par diverses frontières : une palissade, des rails, un mur...
Rédigé à la première personne, Est-Ouest donne à découvrir à la fois un album de souvenirs et un carnet de voyages. Deux aspects qui se répercuteront sur l'oeuvre du scénariste. A l'image d'une époque en effervescence, les constats de l'auteur ont parfois de quoi donner le tournis, mais de nombreuses anecdotes constituent (heureusement) autant de petites pauses, et nombre d'entre elles sont agréablement souriantes
Philippe Aymond, collaborateur de longue date du scénariste, se joint à cette démarche d'un trait réaliste mais davantage spontané que ce à quoi il nous a habitués avec Lady S. Son découpage privilégie de grandes cases, ce qui convient particulièrement au format de l'album (21 x 28 cm). Mention spéciale à la surprenante illustration de couverture.
De quoi combler les admirateurs et fidèles lecteurs de Pierre Christin et les curieux qui pourront y discerner plus généralement les liens entre la construction d'un auteur et celle de son oeuvre.