
La tuerie
Scénario : Laurent Galandon
Dessins et couleurs : Nicolas Otero
Les arènes bd
Enquête au milieu des abattoirs
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Yannick atterrit à l’abattoir Gourdin comme homme à tout faire, en suivant les traces de son frère Kilian décédé d’overdose quelques mois plus tôt. Il faut dire qu’avec un passé d’ancien taulard, on doit pouvoir tout accepter pour se faire embaucher. Les conditions de travail sont très difficiles, entre les cadences infernales imposées par la direction, le découpage de carcasses de barbaque, le bruit des disqueuses et l’odeur de la mort qui flotte dans l’atmosphère. Et ce ne sont pas les blagues de potache destinées aux petits nouveaux qui vont égayer cette vie de forçat. Malgré tout, Yannick en veut et finit par gagner la confiance de son chef d’équipe, car il tient absolument à intégrer le secteur dénommé la tuerie où l’on abat les bovins.
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Le lecteur ne tardera pas à comprendre les motifs de son empressement à travailler dans ce secteur, non point pour les primes, mais pour tenter de trouver les vraies raisons du décès de son frère. Son intervention auprès d’un ouvrier en pleine crise de démence lui vaudra, en remerciement, d’intégrer le secteur.
Les scénarios de Laurent Galandon, de Lip à L’appel en passant par vivre à en mourir, sont souvent teintés politiquement, et cet album ne fait pas exception en brossant cette fois les pratiques d’un abattoir de campagne.
Mais au-delà des polémiques sur les conditions d’abattage des animaux, Laurent Galandon pose très justement le problème des conditions de travail souvent inhumaines. Un peu dans la même veine que le récent et très remarqué roman de Joseph Ponthus, À la ligne, qui évoque le rythme infernal imposé dans les conserveries de poisson et les abattoirs, Laurent Galandon pointe dans La Tuerie ce qui reste l’obsession des exploitants, le profit faisant fi de l’état physique et mental des ouvriers. A la manière d’une enquête policière, les clés de l’énigme se distillent au fur et à mesure du récit.
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Dessiner un tel album n’était certes pas une tâche facile, pour mettre en image l’inracontable et sensibiliser le lecteur sans le repousser, et Nicolas Otero a su réaliser les images qu’il fallait. A lire et à faire lire.