Les cinq sans maîtres

Tome 1

Scénario : Christophe Cazenove et Karinka
Dessins : Jytéry
Couleurs : Alexandre Amouriq et Mirabelle

Bamboo édition

Welcome to the jungle...in Paris !

Du jour au lendemain, Paris n’est plus Paris. Tous les humains ont disparu en un claquement de doigt. Les rues sont désertes, les places sont vides, les appartements et les magasins sont dépeuplés.  Les animaux sauvages n’ont plus peur d’entrer reconquérir la place laissée par l’Homme . La loi de la jungle, celle du plus fort, est de retour.  Enfin, il reste encore les animaux de compagnie, perdus sans leurs maîtres, et qui espèrent encore.. Parce que c’est pas possible... tous ces  humains sont bien quelque part… Ils finiront bien par revenir, hein ?… Hein ?

Un bouledogue, une chatte et un pigeon citadins, ainsi qu'une vache et...un sanglier fuyant d'improbables chasseurs constituent le drôle de club des 5 de cette nouvelle série animalière aux allures d'aventure d'anticipation. En effet, c'est dans un Paris déserté par les humains (le seul apparaissant dans l'album se fait dévorer par un rassemblement de carnivores !) que se déroule la majeure partie de ce premier tome.

Son pitch évoque inévitablement la série Seuls de Vehlmann et Gazotti (Dupuis) mais Christophe Cazenove et Karinka axent davantage leur scénario sur les amusantes relations qui s'établissent entre leurs (anti)héros à poils et à plumes que sur les dangers encourus dans ce qui devient peu à peu, au sens propre, une jungle urbaine.

Les auteurs exploitent habilement les clichés associés à ces bestioles. Ils nous font aussi mesurer aussi la dépendance de certains envers leurs maî-maîtres et la distribution des rations de croquettes ou de pâtée. Cependant le sanglier, animal pourtant réputé sauvage, ne s'en tire guère mieux tant il est peureux, alors qu'un renard rencontré, évidemment rusé, rappelle certaines fables de La Fontaine. Action, gags, jeux de mots émaillant les dialogues, tout cela aboutit à un récit dense et même parfois un peu trop chargé qui ne laisse pas de place à l'ennui. On émettra aussi une légère réserve quant à quelques transitions parfois trop abruptes entre certaines scènes. 

Jytéry, qui collabore déjà avec Christophe Cazenove sur plusieurs séries chez le même éditeur, adopte un trait humoristique très dynamique largement influencé par Franquin et signe des bouilles animales très expressives. La balade dans Paris improvisée par les personnages principaux nous vaut également de beaux décors, notamment lors d'une visite guidée conduite par le pigeon. Les cinq sans maîtres prennent en tous cas un départ en mode sprint. Gageons que leurs auteurs sauront suffisamment se renouveler pour tenir la distance !