Camp Poutine

Tome 1/2

Scénario : Aurélien Ducoudray
Dessins et couleurs : Anlor

Grand Angle

Poutine mania

Chaque été, des enfants de toute la Russie viennent en séjour au camp Poutine. Au programme, vie en groupe et activités militaires, dans le seul but de les entraîner à devenir de vrais défenseurs de la grande Russie contre ses ennemis de toutes parts : Européens, Tchétchènes, Ukrainiens, mais surtout les armées de Daesh. Pour Katyusha, jeune fille un peu secrète, c’est le deuxième passage par le camp. Elle compte bien de nouveau gagner toutes les épreuves du concours pour remporter la rencontre promise avec Vladimir Poutine.

Après le récent tome 1 de Maïdan Love, qui se déroule en Ukraine, c'est en Russie que nous emmène Aurélien Ducoudray pour ce Camp Poutine prévu lui aussi sous forme de diptyque. Le camp Poutine, situé à une trentaine de kilomètres de l'une des datchas du Président n'est pas vraiment un camp de vacances ! En effet, les activités qui y attendent les adolescents qui y séjournent sont plutôt de type (para)militaire. Et on peut faire confiance au "commandant" Ryabkhov et à son détestable fils Anton pour faire baver les pensionnaires...au nom d'une véritable Poutine mania soigneusement orchestrée par la propagande et que le scénariste nous permet de découvrir à travers cette fiction.

On suit ainsi les déboires de Katyusha, Kirill, Gennady et les autres, transposés de leur petit monde d'ados en milieu plutôt hostile. Epreuves, brimades, punitions, les jeux de guerre du camp ne sont pas de tout repos, mais peu à peu, lors d'un passage dans un village voisin notamment, des failles commencent à apparaître dans le système...  Le scénariste obtient un bel équilibre entre aventure, survival, questionnements et suspense dans ce contexte très particulier. Il signe un récit riche en rebondissements. Il est vrai que le maniement de l'emblématique Kalachnikov AK 47 se trouve notamment au programme des réjouissances. Le portrait des adolescents est plutôt réussi et à côté de l'aveuglement de certains, d'autres conservent heureusement un peu plus de recul.

Anlor Tran porte Camp Poutine en images d'un trait semi-réaliste particulièrement dynamique et malgré leur nombre on situe très rapidement les différents protagonistes parmi les stagiaires adolescents. Son travail sur certaines expressions, exacerbées, amène une touche bienvenue d'humour visuel. La mise en couleurs alterne les ambiances et participe au dépaysement ainsi qu'à une accroche vraiment lumineuse côté couverture.

L'ensemble se lit fort agréablement et on en vient réellement à espérer que les gamins ouvrent les yeux et s'en tirent sans trop de dégâts. Mais ça, c'est le second volet de Camp Poutine qui nous le dira...ou pas !