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De l'autre côté de la frontière, par Jean-Luc Fromental, Philippe Berthet (Dargaud)

De l'autre côté de la frontière

Scénario : Jean-Luc Fromental
Dessins : Philippe Berthet
Couleurs : Dominique David

Dargaud

Vert dollar et rouge sang

Auteur de romans policiers, François Combe se rend en compagnie de Kay, sa secrétaire, au Cielito Lindo, établissement des quartiers chauds de Nogales, la ville frontière entre le Mexique et les USA, afin de s'y documenter auprès de Raquel, une jeune prostituée. Ils tombent sur Jed Peterson, un ami du romancier, qui se montre très intéressé par la jeune fille. La même nuit, cette dernière est sauvagement assassinée. Qui a tué ? François Combe ? Jed Peterson ? Les voilà dans le collimateur de la police, en tête des suspectsQuand une deuxième prostituée est retrouvée massacrée à coups de poignard dans le désert, l'étau se resserre sur Jed, que tout désigne comme le coupable idéal.

Des meurtres de prostituées à la frontière mexicaine... Un probable tueur en série...  Voilà des éléments qui auraient pu nous conduitre à un polar ou un thriller très actuel. Or Jean-Luc Fromental a choisi une toute autre orientation pour le scénario de De l'autre côté de la frontière. En effet, l'auteur situe son intrigue en 1948 et s'inspire d'un séjour effectué par Georges Simenon dans la vallée de Santa Cruz à cette période. Un endroit choisi par les riches américains pour y abriter leurs excès en tous genres. Le scénariste attribue d'ailleurs à  François Combe un entourage direct similaire à celui du maître du roman policier : épouse, maîtresse, enfant et gouvernante.

La frontière du titre, géographique, souligne aussi le contraste entre la richesse en dollars et la pauvreté de la population mexicaine et c'est de ce terreau que Jean-Luc Fromental nourrit un polar subtil, alternant les séquences de suspense et d'action et les moments davantage consacrés au développement de la réflexion ou de l'atmosphère particulière dont est imprégnée l'intrigue. 

Le dessin de Philippe Berthet démontre une fois de plus la minutie et le talent de l'auteur via des cases et planches dont on mesure le soin apporté à l'élaboration. De plus, l'histoire met en scène quelques personnages féminins séduisants (mais parfois redoutables) dont Berthet s'est fait une spécialité. Dominique David a choisi, quant à elle, une palette de couleurs chaudes mais qui semblent pâlies sous le soleil de la frontière et renforcent le côté vintage de ce polar.

De l'autre côté de la frontière aurait sans doute pu figurer dans la collection Ligne noire dédiée à  Philippe Berthet, mais l'éditeur a préféré en faire un one-shot à part entière, présenté sous jaquette sous un format différent et complété d'un dossier documentaire qui permet de mieux comprendre certains leviers du récit.

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Pierre Burssens

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13/03/2020