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Pinard de guerre, par Philippe Pelaez, Francis Porcel (Grand Angle)

Pinard de guerre

Scénario : Philippe Pelaez
Dessins et couleurs : Francis Porcel

Grand Angle

Le vin du malheur

Ferdinand est un tire-au-flanc, un planqué qui simule une infirmité pour échapper à la guerre et éviter de se retrouver en première ligne, dans les tranchées face aux Allemands. Profiteur sans scrupules, il a fait fortune dans le commerce d’un pinard douteux et frelaté qu’il vend à l’armée, allant même jusqu’à nuire à la concurrence pour être le seul fournisseur des poilus. Alors qu’il écoule son vin près de la ligne de front, Ferdinand se retrouve malgré lui engagé dans le conflit...

15 millions d'hectolitres ! Telle est la quantité d'alcool reçue par les poilus de la part de l'armée française durant la première guerre mondiale. Au début de la guerre, l'armée distribuait chaque jour 25 centilitres de vin à chaque soldat... Deux ans plus tard, on atteignait le litre quotidien. Certes le Père Pinard contribuait à endormir les peurs, à déshumaniser les combattants (!), mais les incidents dûs à un alcoolisme galopant ne cessaient de se multiplier... 

C'est sur le commerce du vin à destination de l'armée que Philippe Pelaez construit le personnage de Ferdinand Tirancourt, antipathique, profiteur, cynique...  L'auteur prend le risque du non-attachement du lecteur mais mène sa barque avec suffisament d'habileté pour entretenir sa curiosité...et on n'est pas déçu de suivre l'itinéraire de ce planqué peu scrupuleux que les circonstances vont plonger dans les tranchées. Le scénariste nous fait peu à peu découvrir le passé du bonhomme...et des bribes d'humanité, comme autant de vestiges d'avant la guerre. Malgré cela, Ferdinand sera pourtant rattrapé par ses magouilles...jusqu'à un deuxième tome à paraître intitulé...Bagnard de guerre.

Francis Porcel, qui a déjà collaboré avec Philippe Pelaez sur le très noir Dans mon village on mangeait des chats, porte en images ce récit prenant et documenté d'un trait réaliste assez rugueux qui se prête bien au sujet. Le scénario lui offre quelques fort belles scènes, comme toute la séquence conduisant à l'échange des prisonniers, le danseur et le pilote. La palette de couleurs choisie privilégie des nuances relativement ternes qui restituent adéquatement le contexte et son ambiance. De quoi attendre le prochain tome avec curiosité en se demandant qui est vraiment Ferdinand Tirancourt, à moins qu'il ne s'agisse d'Horville ? Un salaud ou un héros ?

L'album est complété d'un intéressant dossier documentaire.

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Pierre Burssens

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13/10/2021