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... À la folie, par Sylvain Ricard, James (Futuropolis)

... À la folie

Scénario : Sylvain Ricard
Dessins et couleurs : James

Futuropolis

Dialogue accablant sur la violence conjugale

On connaissait la révélation Open Space : deux albums critiques plein d’humour sur le monde de l’entreprise parus chez Dargaud et réalisés par James qui tient désormais une rubrique hebdomadaire d’actualité dans Challenges. L’ancien cadre d’entreprise entraine cette fois ses personnages dans un tête à tête criant de vérité sur l’enfer de la violence conjugale. Il s’associe pour l’occasion au scénariste Sylvain Ricard saisi par le sujet à la lecture d’un rapport publié par Amnesty International en 2006. Après Inès de Loïc Dauvillier et Jérôme d'Aviau paru chez Drugstore en mars 2009 et En chemin, elle rencontre, un collectif édité par Des ronds dans l’O en septembre 2009, le neuvième art s’empare de manière magistrale d’un tabou de notre société encore trop peu combattu.

Ils sont assis sur le canapé et nous parlent à cœur ouvert de leur couple
. Chacun à son tour comme si l’autre n’était pas là. Ils racontent comment ils se sont rapprochés alors qu’ils étaient étudiants, comment ils se sont mariés, comment il a privilégié sa carrière pendant qu’elle devenait une femme au foyer dépendante… et puis comment tout cela a commencé. La première fois qu’il l’a frappée. Et l’engrenage infernal dont elle n’a pas su se défaire…

Ils s’aiment… à la folie ? Ce presque huis clos démonte avec maestria les mécanismes du quotidien d’un couple ordinaire de la séduction aux coups jusqu’au viol, en passant par le harcèlement moral, la culpabilisation… Il décrit les tentatives vaines d’échapper à cette emprise, la pression de l’entourage familial – on ne divorce pas dans la famille ! –, l’impuissance des amis et des associations, la solidarité masculine et finalement l’absence de volonté de la principale intéressée.

Le dessin fin de James saisit chaque scène avec précision mais toujours avec tact. En utilisant une colorisation dans des tons sépias et bien sûr en reprenant ses têtes animales, il permet une certaine distance par rapport au récit dur. Les dialogues de Sylvain Ricard sonnent juste et donnent vraiment à réfléchir. Car chacun peut être confronté à une telle situation. En espérant que le message du « plus jamais cela » passera.

Encore une très belle révélation de l’éditeur Futuropolis.

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Manuel F. Picaud

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