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Entretien avec Philippe Richelle et Pierre Wachs

Richelle
Philippe Richelle et Pierre Wachs © Manuel F. Picaud / Auracan.com
« Faire croire que la majorité des Français était derrière De Gaulle est une imposture intellectuelle totale ! »

Depuis une vingtaine d’années, Philippe Richelle, 44 ans, et Pierre Wachs, 51 ans, officient respectivement comme scénariste et dessinateur de bande dessinée.

Après quatre épisodes de Secrets bancaires, chez Glénat, ils viennent de publier le premier volet d’Opération Vent printanier chez Casterman. Deux époques différentes, mais toujours une atmosphère intimiste et un récit prenant au travers de gens ordinaires.

Auracan.com a souhaité rencontrer les deux auteurs qui se plaisent à travailler ensemble.


Wachs
Opération Vent printanier T1
extrait de la planche 3
dans sa 1ère version
© Wachs - Richelle
Casterman
Comment s’est faite votre rencontre ?
Pierre Wachs : Cela s’est fait tout simplement par l’intermédiaire de l’éditeur Glénat.
Philippe Richelle : J’ai soumis le concept de Secrets bancaires à Laurent Muller [ex directeur éditorial des éditions Glénat, ndlr]. Le principe était que plusieurs dessinateurs se relaient sur les quatre diptyques. On a opté finalement pour deux dessinateurs. Laurent Muller m’a présenté le travail de Pierre, et cela m’a tout de suite séduit.

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© Wachs - Richelle / Casterman
Et vous avez souhaité ne pas vous arrêter à cette série…
PhR : Comme nous avons plaisir à travailler ensemble, nous avons eu envie de poursuivre cette collaboration sur un autre projet, même très différent. J’avais dans mes tiroirs un scénario qui datait de 2000-2001. Je l’avais déjà soumis à Casterman, mais je n’avais pas de dessinateur. J’ai alors pensé à Pierre et le lui ai proposé.
PW : J’ai tout de suite dit oui car notre collaboration s’était vraiment bien déroulée jusque-là. Sans en avoir forcément discuté ensemble, on s’est trouvé une sensibilité assez proche sur des manières d’aborder les choses.
PhR : Pierre est à la fois inventif et extrêmement fidèle à ce que j’écris. Il comprend mes intentions. Je n’ai pas besoin de longues explications même quand ce n’est pas forcément évident. Il met cela en musique de manière satisfaisante. Quand je reçois les pages, d’un côté ça correspond à ce que j’attendais et d’un autre – un peu paradoxalement – je suis fréquemment surpris dans le bon sens, ce qui est idéal pour un scénariste. Ne pas être trahi d’une part et être surpris favorablement d’autre part. Et c’est assez rare.

Comment travaillez-vous ensemble ?
PW : En fait, essentiellement par Internet.
PhR : Pierre m’envoie ses crayonnés par mail et je réagis pratiquement instantanément.
PW : Philippe est assez pointilleux sur ce qu’il écrit…
PhR : Oui, c’est assez vrai, sauf que j’impose peu de cadrage…
PW : Évidemment, si je souhaite supprimer une case, on en discute. Parfois entre ce qu’on imagine sans le dessiner et ce qu’on dessine, la façon de l’interpréter, de le cadrer, de placer la caméra fait qu’on ne le sent pas comme ça ou on voit la chose différemment.
PhR : Je ne donne en fait que très peu d’indications. Je décris dans les grandes lignes le contenu de la case, les intentions des personnages comme dans une pièce de théâtre, mais je ne précise pas comme certains scénaristes la place des personnages, etc. Cela laisse la latitude au dessinateur de placer la caméra lui-même, de faire le travail de réalisateur.

Wachs
Opération Vent printanier T1, recherches de couvertures et crayonné final © Wachs - Richelle / Casterman

Avec Opération Vent printanier, vous démarrez un nouveau diptyque sur la rafle du Vel’ d’Hiv. Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’écrire cette histoire ?
PhR : C’est en l’an 2000, la lecture de témoignages qui m’avaient beaucoup touché de la part de victimes ou de témoins directs de la rafle du Vel‘ d’Hiv. Cela s’inscrivait à l’époque dans le cadre de mon travail de documentation des Amours fragiles sur la guerre, et plus globalement sur la période des années 30 à l’après guerre.

Wachs
Opération Vent printanier T1
extrait de la planche 3 dans sa 1ère version
© Wachs - Richelle / Casterman
Ça n’aurait pas pu s’intégrer dans Amours fragiles ?
PhR : Non, le sujet est trop franco-français. Et il est vraiment lié à un événement précis : la rafle du 16 et 17 juillet 1942. Tout tourne autour de ça. Tous les personnages sont liés de près ou de loin à cet événement là. Ça se concevait comme une histoire à part, pas dans le cadre d’une série.

Avez-vous eu des difficultés à trouver et obtenir de la documentation officielle ?
PhR : Les principaux acteurs de la rafle sont la police française. Il n’y a pas d’archive officielle sur l’implication de la police dans la rafle. Les documents de l’époque ont forcément existé mais ils ont disparu. Je ne sais pas comment, mais je peux spéculer et formuler des hypothèses. Il reste quelques rares témoignages de policiers, un peu plus de victimes. On n’a pas connaissance de démission du côté des forces de police. Si certains policiers ont pu avoir des problèmes de conscience – on peut l’espérer – ce n’est pas allé jusqu’à la démission. Ce dont on est sûr, c’est que des policiers, de leur propre initiative, ont prévenu des juifs, mais c’était quand même marginal. Les policiers, en bons fonctionnaires ont appliqués les ordres.

On vous sent très ému par cette histoire.
PhR : Oui. Quand on commence à regarder les détails, je trouve cela très émouvant. Pour rechercher les juifs, les forces de l’ordre françaises se sont appuyées sur le fichier Tulard constitué à partir de septembre 1940 et indiquant tous les noms et les adresses. Elles ont agi à l’aube. Elles ont même embarqué 4.000 gosses, ce que les Allemands n’avaient pas demandé…

Wachs
extrait de Secrets bancaires T1.1
© Wachs - Richelle / Glénat
Et vous racontez cet épisode vu par des gens ordinaires…
PhR : C’est plutôt mon style. Je n’ai pas envie de raconter des histoires de supers héros et je n’aime pas non plus les histoires trop manichéennes. C’est souvent en mi-teinte.

L’effet de ce type écriture est d’interroger le lecteur sur les événements…
PhR : C’est un des effets voulus bien sûr. Une des questions que je me pose c’est ce qu’on aurait fait nous-mêmes. De fait, aucun personnage d’Opération Vent printanier n’est condamnable dans ses choix. Surtout pas le papa de Charlotte qui n’est pas antisémite et qu’on pressent qu’il va avoir un problème de conscience quand il va être amené à participer à la rafle. Et même Lucien : il fait du commerce indirectement avec les Allemands, mais c’est pour la bonne cause, pour aider son père qui a de graves difficultés financières.

Vous cherchez à sortir des sentiers battus et des clichés rabâchés.
PhR : Le cinéma, la littérature populaire, l’histoire officielle nous ont bassiné pendant 40 ans sur des histoires de résistance héroïque ou de collaboration. Faire croire que la majorité des Français était derrière De Gaulle est une imposture intellectuelle totale ! Les résistants étaient infiniment marginaux. Et ils n’ont eu aucun poids dans la victoire des alliés – ce qui n’enlève rien au caractère admirable de leur engagement et à l’estime dans laquelle il convient de les tenir. La collaboration était aussi le fait de quelques uns. Tout le reste de la population, l’immense majorité, a été amenée à poser des actes qui parfois, 50 ans après, sont jugés sévèrement, avec mépris ou incompréhension, alors que c’était des choses banales. J’ai envie de montrer cette période dans toute sa complexité. Si on veut bien utiliser les travaux des historiens depuis 20 ans, on a un regard beaucoup plus réaliste, authentique et crédible. N’oublions pas que Pétain était très populaire, au moins jusqu’à la rafle. Il était acclamé partout où il allait tandis que De Gaulle était à peine connu…

Le fait d’être un scénariste belge vous aide à écrire sur cette période, non ?
PhR : Oui, je le pense. Je crois que cela donne un surcroît de distance en effet.

Wachs
extrait de Secrets bancaires T1.1
© Wachs - Richelle / Glénat
D’où vous vient cet attrait pour ces années d'occupation ?
PhR : C’est une période dont j’ai beaucoup entendu parler étant jeune. Et puis, pour moi, c’est une période-charnière de l’époque contemporaine. Les années 30 et 40 ont vraiment fait basculer le monde. Il y a l’avant-guerre et l’après-guerre. Si on veut comprendre le monde actuel, il faut comprendre ce qui s’est passé dans ces années-là.

De votre côté Pierre, ce sujet raisonnait-il particulièrement pour vous ?
PW : Je n’ai pas un intérêt particulier pour cette période, ni pour l’Histoire avec un grand H  d’ailleurs, sinon qu’elle est riche en événements intéressants. J’aime tout simplement la manière qu’a Philippe de traiter le sujet, il me le rend attractif. Je m’attache aux personnages, j’apprécie de rentrer dans l’histoire par la petite porte et de découvrir toutes les implications par l’intérieur. L’histoire didactique est au contraire ennuyeuse pour moi.

Et c’est aussi pour vous un changement d’univers…
PW : Oui, mais il y a aussi le charme des images de cette époque, le fait de sortir de la période contemporaine. Après un certain nombre d’albums dans une période, j’avais envie de nouveaux personnages, de sortir du costume-cravate, des bureaux modernes. Cela renouvelle mon plaisir.

Richelle
Secrets bancaires T4.1
extrait de la planche 13
à paraître en novembre 2008
© Hé - Richelle / Glénat
Wachs
© Wachs - Richelle / Glénat
Comment vous êtes-vous documenté sur cette période ?
PW : Pour les décors, beaucoup de rue de Paris n’ont pas changé, à part bien sûr les façades des magasins, les voitures… On trouve aussi quelques photographies et des films qui permettent de compléter tout cela et de rendre l'ensemble crédible.

Actualité oblige, que pensez-vous du médiatique fichier Edvige ?
PhR : Cela renvoie clairement au fichier Tulard ! Cela dit, tous les responsables de police du monde vous diront , et ça ne date pas d'aujourd'hui, qu’une bonne police se doit de ficher un maximum de gens. C’est leur boulot. Mais c’est au pouvoir politique de tempérer et de faire que les valeurs démocratiques soient préservées lorsqu’on est en démocratie. Pour moi, il faut mettre des garde-fous législatifs bien clairs.
PW : Je pense que cette bande dessinée renvoie à des scènes de lâcheté ou d’héroïsme ordinaires qui peuvent se passer aujourd’hui. Opération Vent printanier interpelle sur l’intolérance. Je pense aussi au jeune soldat allemand qui peut amener à s’interroger sur la considération qu’on peut avoir envers certaines communautés.

Ce premier épisode se finit en début juillet 1942. Quelle période couvrira le deuxième volet ?
PhR : Le deuxième volet va pratiquement s’ouvrir sur la rafle et on va assister aux conséquences sur les trois personnages principaux jusqu’à la fin de la guerre. On fera un bond dans le temps à un moment donné, mais cela se terminera à la Libération. On verra donc les conséquences sur Charlotte, son papa Émile et Lucien…

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© Wachs - Richelle / Glénat
Votre autre création commune est Secrets bancaires, une série très bien documentée et très crédible. Où avez-vous perçu tout cela ?
PhR : J’ai beaucoup lu, rassemblé beaucoup de documentations en amont. Et je connais aussi quelques avocats avec qui j’ai pas mal discuté. Ensuite, l’imagination a joué. Je voulais faire quelque chose qui tienne la route sans être trop compliquée. Je ne voulais pas entrer dans les méandres du système bancaire qui est là, pour le coup, trop complexe et inabordable pour le grand public. Le propos est aussi de s’intéresser aux personnages au-delà des mécanismes. Il y a aussi un côté politiquement incorrect à un certain moment !
PW : Nous ne sommes pas dans la glorification de l’argent !…
PhR : …ni du flic tout puissant qui a forcément le dernier mot. Ici, le malfrat peut parfois couler des jours heureux avec la complicité de quelques-uns… C’est peut-être un peu plus réaliste aussi ! Le flic pur et dur ne m’intéresse pas vraiment.

Quel sera le thème du prochain diptyque de Secrets bancaires (sorties en novembre 2008 et mai 2009) ?
PhR : Il y sera question de CIA, de DEA, de drogue, d’enquête journalistique. Le thème est autour d’une grosse manipulation. L’histoire est basée sur des faits réels de complicité, plus ou moins objective, entre services secrets et trafiquants de drogue. C’est inspiré du soutien de la CIA et d’autres agences américaines à Noriega.

La série marche bien : allez-vous la continuer au-delà du 4e diptyque ?
PhR : L’éditeur a envie de continuer. On s’orienterait vers six tomes, trois diptyques avec les mêmes dessinateurs plus un troisième. A priori, je serais partant, mais ce n’est pas encore définitif dans la mesure où j’ai d’autres projets que j’aimerais concrétiser…
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Secrets bancaires T4.1, extrait de la planche 13, à paraître en novembre 2008 © Hé - Richelle / Glénat

Quels sont donc vos autres projets ensemble ?
PhR : Terminer Opération Vent printanier. J’ai écrit le 2e volet. Il reste à Pierre de finir de le dessiner.
PW : Et j’avance bien. La sortie est prévue pour août 2009.
PhR : Nous avons d’autres idées qu’il est un peu trop tôt de dévoiler aujourd’hui. Nous envisageons aussi de continuer sur la Deuxième Guerre mondiale. Contrairement à ce qu’on pense, il y a encore beaucoup à écrire dessus. Il faut arrêter de nous conter des histoires de résistants héroïques ou des collaborateurs aux comportements pathologiques !

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Amours fragiles T4, extrait de la
planche 33, à paraître en mai 2009
© Beuriot - Richelle / Casterman
beuriot
© Beuriot - Richelle / Casterman

Philippe Richelle, vous continuez bien sûr la superbe série Amours fragiles
PhR : C'est probablement la série qui me tient le plus à cœur. Elle conjugue succès d'estime et succès commercial, ce qui est évidemment très agréable pour les auteurs !... Je pense pouvoir parler de symbiose, d'harmonie parfaite pour définir ma collaboration avec Jean-Michel Beuriot... Nous nous efforçons d'être exigeants dans notre propre travail, mais aussi dans le regard que nous portons sur le travail de l'autre. Nous évitons la complaisance.

En combien d’épisodes la série est-elle finalement prévue ?
PhR : Prévue initialement en trois tomes, puis en cinq, la série en comptera finalement huit ou neuf. Depuis le début, j'ai le point de départ et le point d'arrivée. Mais la trame des chapitres intermédiaires s'est enrichie, du fait essentiellement de l'importance prise par certains personnages secondaires (celui de Maria par exemple). La réduction de la pagination des albums (un choix de l'éditeur qui répond aux réalités actuelles du marché) est aussi une autre explication...

Le tome 4 devrait sortir en mai 2009…

PhR : En effet. Il se déroule à Paris, entre octobre 1940 et l'été 1942. Martin, devenu officier dans la Wehrmacht, retrouve Katarina. Un nouveau personnage apparaît : l'oncle de Katarina (qui l'avait accueillie et hébergée en 1933). Petit industriel, il va être confronté aux mesures dites d' « aryanisation » de l'économie française...

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Amours fragiles T4, extrait de la planche 33, à paraître en mai 2009 © Beuriot - Richelle / Casterman

Est-il prévu une suite à la série les Coulisses du pouvoir ?
PhR : Je viens en effet de terminer le dernier diptyque en date. Pour vous répondre très franchement, j’aurais tendance à arrêter et à passer à autre chose. Maintenant, la série est bien implantée avec huit titres. Elle a son public, et le fonds tourne pas mal… Je dois continuer la discussion avec l’éditeur. Le contrat en cours prévoit encore deux tomes.

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© Richelle / Casterman
Comment vous êtes-vous retrouvé à reprendre le dessin de cette série ?
PhR : En fait, Jean-Yves Delitte [dessinateur des deux premiers cycles, ndlr] s’est fâché avec l’éditeur et est parti chez Glénat. Pour ma part, j’ai souhaité privilégier ma relation chez Casterman. J’y suis bien, ce qui ne m’a d’ailleurs pas empêché de proposer des projets chez Glénat par la suite. L’éditeur a donc recherché un dessinateur pour succéder à Jean-Yves. Aucun ne convenait. Un jour, sans le dire, j’ai adressé trois pages d’essais et ce sont celles-là qui ont été prises ! Mais le dessin est un boulot énorme. Je suis avant tout scénariste.

Mais vous êtes maintenant assisté par Éric Schiavinato (2 tomes de la série Sales mioches créée par Corbeyran et Olivier Berlion chez Casterman)…
PhR : Oui, je me suis fait aider dans le 2e tome du diptyque. Il a commencé par l’encrage et est intervenu de plus en plus dans les décors. Si le dessin se limite à un lay-out assez rapide, ça peut me convenir, car j’ai aussi une démarche visuelle quand j’écris un scénario. Éric aurait encore une place plus importante si cela devait continuer. Il est très bon techniquement.

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© Wachs - Mazeau / Glénat
Et vous Pierre, qui avez œuvré sur le Triangle secret et I.N.R.I., je crois savoir que vous poursuivez un nouveau projet avec Didier Convard…
PW : Je vais effectivement réaliser un one-shot avec Didier Convard. Ce sera un spin-of autour du personnage de Montespa. J’ai également dessiné, toujours chez Glénat, un album de la série Disparitions de Jacques Mazeau. Il s’agit d’une adaptation en bande dessinée de la série que France 3 va diffuser cet automne. J’ai dessiné le T1 et ferai ensuite le T4 [le T2 est dessiné par Ersel, ndlr]. Didier Convard en est le coscénariste. C’est un polar contemporain qui se déroule à Toulouse et sa région…

Pour conclure cette rencontre, Philippe, avez-vous d’autres actualités ?
PhR : Je suis en train de finaliser un projet avec Marc-Renier au dessin. Marc-Renier est transfiguré, avec un style totalement différent de ce qu’il était jusqu’ici. Par ailleurs, comme je l’ai dit plus haut, j’ai plusieurs projets dans mes cartons (séries, one-shots, romans bd…) qui me tiennent à cœur et que j’aimerais pouvoir concrétiser à court ou moyen terme. Mais il est prématuré, pour le moment, d’entrer dans les détails…

On se donne donc rendez-vous une prochaine fois !

Propos recueillis à Paris par Manuel F. Picaud en septembre 2008
Propos présentés et introduits par Brieg F. Haslé et Manuel F. Picaud
Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation préalable

© Manuel F. Picaud / Auracan.com

Remerciements à Kathy Degreef et Marie-Thérèse Vieira

Philippe Richelle et Pierre Wachs sur Auracan.com :

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Manuel F. Picaud
09/10/2008