Lefranc

Tome 25 : Cuba Libre

Scénario : Roger Seiter
Dessins : Régric
Couleurs : Bruno Wesel

Casterman, collection Jacques Martin

Complots à La Havane

Octobre 1958. Invité par l’écrivain américain Ernest Hemingway à venir l’interviewer à Cuba où il possède une villa, Guy Lefranc débarque à La Havane après avoir rencontré, à bord du ferry en provenance de Key West, Ellen Cook, une jeune femme séduisante... en cheville avec la CIA. Dans la capitale cubaine, la situation politique est très instable et le contexte insurrectionnel. Les combats font rage entre les révolutionnaires emmenés par Fidel Castro et les troupes gouvernementales fidèles au dictateur Batista.

Découvrir une cité engloutie qui pourrait être l'Atlantide, en compagnie d'Ernest Hemingway qui plus est, pourrait, en soi, constituer une formidable aventure. Mais quand cette découverte se déroule dans un pays en pleine révolution, enjeu d'intérêts politiques, stratégiques, financiers et...mafieux, et que des bombes nucléaires ont disparu des USA, celle-ci se complique assurément et devient à haut risque.

Roger Seiter entre dans l'univers de Jacques Martin et envoie Lefranc à Cuba en pleine insurrection castriste, mêlant habilement événements historiques et personnages réels aux aventures du reporter. On croise ainsi, entre autres, Ernest Hemingway, Fidel Castro, le Che ou encore le mafieux Meyer Lansky au coeur d'une intrigue très documentée et particulièrement dense, à tel point que l'on en vient à penser que quelques pages supplémentaires n'auraient pas été superflues pour en accueillir tous les développements. Mais les 46 planches traditionnelles font elles aussi partie du classicisme recherché et conservé à la série créée par Jacques Martin. L'écriture adoptée ici par Roger Seiter s'y conforme, tout comme le découpage et le trait de Régric (Frédéric Legrain) qui réalise sa quatrième aventure du journaliste après Noël noir, L'Éternel shogun et L'Enfant Staline.

Certains évoqueront peut-être une "BD à la papa", mais ce classicisme revendiqué n'est en aucun cas synonyme d'absence de surprise, comme le confirme ce Cuba Libre. Nous préfèrerons parler, de notre côté, de renouveau dans la continuité.