
Femmes en résistance
Tome 2 : Sophie Scholl
Scénario : Régis Hautière, Francis Laboutique
Dessins : Marc Veber
Couleurs : Domnok
Casterman
Le choix de Sophie
Voici donc enfin le deuxième volet de Femmes en résistance, projet initié par l'historienne et scénariste Emmanuelle Polack. Cette tétralogie dont chacun des albums est mis en images par un dessinateur différent s’attache aux destins et parcours croisés de cinq femmes d’exception au cours de la Seconde Guerre mondiale. Quatre d’entre elles, toutes mortes très jeunes, ont réellement existé. Seule la cinquième, Anna Schaerer, est un personnage fictif.
Il s'agit cette fois de l’histoire tragique de Sophie Scholl, une très jeune allemande qui osa résister de l’intérieur au régime nazi. Sophie et son frère Hans avaient rejoint le mouvement La Rose Blanche, réalisant avec ses sympathisants des tracts opposés au régime nazi et à la guerre. La jeune fille distribuait ces tracts en pleine rue ou les glissait sur des voitures en stationnement. Désirant promouvoir ces idées auprès des étudiants, c'est finalement le lancer d'un paquet de tracts dans la cour intérieure de l'Université de Munich qui déboucha sur son arrestation et celle de son frère. Sophie Scholl a été guillotinée le 22 février 1943.
Grâce à un récit bien construit, conjuguant époque contemporaine et faits authentiques de la Seconde Guerre mondiale, Régis Hautière et Francis Laboutique parviennent aisément à nous faire suivre l'itinéraire de cette héroïne, devenue le symbole de la résistance allemande au nazisme. Un pari qui n'était pourtant pas gagné d'avance, la résistance de Sophie ayant été pacifique et le sujet n'appelant pas au spectaculaire comme pouvait le faire l'évocation d'Amy Johnson, pilote britannique dans le tome 1 de la série. On se passionne rapidement pour Sophie et son parcours atypique l'ayant conduit des mouvements de jeunesse nazis à la résistance. On suit également la "mission" d'Anna Schaerer dont le rôle semble ici particulièrement ambigü. Par contre, il est difficile d'admettre et de comprendre la facilité, si pas la naïveté avec laquelle Sophie lui fait découvrir la cachette et le matériel d'imprimerie de son organisation, seul faux pas du scénario.
Marc Veber réalise le dessin de ce volume, y retrouvant certaines ambiances proches de celles familères à son reporter Boro. Il combine sur les planches différentes techniques, ce qui donne à l'ensemble un aspect davantage "peint" et particulièrement séduisant. Emmanuelle Polack signe le dossier historique qui complète un album appelant au souvenir et au respect.