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Rendez-vous à Phoenix, par Tony Sandoval, collection Calamar (Paquet)

Rendez-vous à Phoenix

Scénario, dessins et couleurs : Tony Sandoval

Paquet, collection Calamar

Esperanza

Tony Sandoval est né dans le nord ouest du Mexique. La tentation du passage de la frontière le gagne peu à peu et c'est sa petite amie américaine qui va le décider à franchir le pas. Mais pas d'illusion à avoir, il n'obtiendra pas le visa espéré. Il décide donc de passer clandestinement et traine le long de la ligne. Le hasard va le mettre en contact avec un groupe qui a décidé lui aussi d'affronter le mur, les barbelés et les gardes américains.

Retrouver sa copine de Portland et devenir dessinateur de BD, voilà les motivations qui ont amené le jeune Tony Sandoval à tenter l'aventure de la frontière américaine. Et comme l'auteur le raconte et le dessine dans cet album, on peut aisément en déduire qu'il a réussi cet audacieux pari. 

Habitué des histoires fantastiques, Sandoval signe ici un album autobiographique et réaliste. Celui-ci surprend à plus d'un titre, notamment en démontant certains clichés. Non, tous les migrants dépeints dans Rendez-vous à Phoenix ne sont pas au bout du désespoir, tous les passeurs ne sont pas des crapules et tous les gardes américains de la frontière ne sont pas des brutes. Mais il y en a, évidemment comme tous ceux qui, sans scrupules, profitent bassement de la détresse de ces migrants, et le danger est présent. L'auteur s'attarde même sur le sort des migrants venus d'Amérique centrale, qui tentent la traversée du Mexique avant d'essayer de gagner les États-Unis, et dont le sort est encore moins enviable.

Tony Sandoval ménage cependant quelques petits sourires dans son récit tout en parvenant à faire ressentir au lecteur l'attente et mle découragement nés des échecs de ses premières tentatives, officielles ou clandestines. Le récit est prenant, émouvant, mais sans pathos, et on en vient à partager beaucoup avec le jeune Tony. De plus, comment rester insensible à une telle histoire alors que l'actualité nous abreuve quasi quotidiennement de la crise des migrants en Europe ou des images de populations déplacées par les guerres.

Graphiquement, si le style est bien "du Tony Sandoval", l'auteur allège son trait pour une meilleure lisibilité. Nul besoin ici des effets spéciaux ou multiples techniques traduisant l'onirisme de ses précédents albums. Ici, c'est une aventure humaine bien réelle qui est à découvrir, et donne à réfléchir. Un Rendez-vous (à Phoenix) à ne pas manquer...

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Pierre Burssens

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Pour en savoir plus : le blog de Tony Sandoval

30/08/2016