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L'Etoile du Désert - Tome 4, par Stephen Desberg, Hugues Labiano  (Direction artistique : Marini) (Dargaud)

L'Etoile du Désert

Tome 4

Scénario : Stephen Desberg
Dessins : Hugues Labiano (Direction artistique : Marini)
Couleurs : Maffre

Dargaud

Un ciel sans étoile

Finnsbury, le commissaire aux affaires indiennes, n'a qu'un seul objectif : expulser les Indiens de la région. Pour cela, il flatte l'orgueil des jeunes guerriers et manipule les cow-boys sans scrupule. La colère gronde et peu à peu, les protagonistes de ce western sont emportés par le flux de l'Histoire. La fin des grandes plaines est proche, la conquête de l'Ouest s'accomplit et les indiens doivent disparaître. Cadavres et vies brisées jonchent des terres sans espoir. 

Suite et fin de ce diptyque qui constitue un "prequel" aux deux albums signés Desberg et Marini parus depuis 1996. Le premier volet en avait exposé la dureté, et celui-ci nous plonge dans une véritable tragédie. L'espoir fuit peu à peu les plaines et les tensions exacerbées par l'avidité de certains blancs éclatent dans la violence. On retrouve ainsi Garth, traînant avec lui Etoile du Désert, sur la piste desquels s'est lancé Souffle du matin, le jeune homme-médecine. Garth espère retrouver Maria, or le chemin de celle-ci rencontrera celui de Souffle du Matin, jusqu'à une dernière confrontation avec Finnsbury.

Stephen Desberg  dépeint sans complaisance ceux qui ont pourtant contribué à l'édification des Etats-Unis...en ne rechignant pas à se couvrir les mains de sang. Le contraste est énorme entre les deux peuples qui s'affrontent, celui qui appartient à la terre, et celui qui veut que la terre lui appartienne. Le scénariste ne fait-il pas répéter à plusieurs reprises par le personnage de Garth un homme n'est rien sans sa terre ?  Des paroles qui peuvent encore rencontrer un écho aujourd'hui...  Chacun essaye de trouver sa voie à travers ces événements, mais que pèse un destin individuel, surtout en ces contrées dites encore "sauvages" face à la marche du "progrès" et de l'Histoire.

Hugues Labiano porte de très belle façon cette tragédie en images. La "direction artistique" est toujours attribuée à Enrico Marini, mais Labiano développe sa vision personnelle de l'Etoile du Désert. Ainsi, si l'intrigue prncipale et les rapports entre les personnages sont généralement abordés selon des plans traditionnels, d'une séquence à l'autre le dessinateur resitue l'action au coeur des grands espaces qui lui servent de décor. Un décor qui nous a fait rêver dans nombre de westerns, mais qui semble ici être le spectateur de la violence et la folie des hommes. A l'inverse Hugues Labiano privilégie parfois de très gros plans, souvent porteurs de colère, mais aussi de tristesse et de désespoir. A l'encrage, on soulignera le beau travail effectué sur les ombres, que l'on appréciera aussi grâce au (trop modeste) carnet de croquis qui complète l'album, sans oublier quelques trouvailles de découpage.

Fin d'un mythe, fin d'une époque, noirceur de nombre de personnages...rarement la notion de western crépusculaire  se sera si bien attachée qu'à L'Etoile du Désert. Tragique mais beau !

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Pierre Burssens

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