La guerre des Lulus

Tome 6 : Lucien

Scénario : Régis Hautière
Dessins : Hardoc
Couleurs : David Périmony, Hardoc

Casterman

La bande des quatre

Novembre 1918. La guerre est terminée mais le combat des Lulus pour leur propre survie continue. Hospitalisé à Troyes, Lucien se souvient de son arrivée à l’orphelinat de Valencourt et de sa rencontre avec ceux qui allaient devenir ses meilleurs amis. À cette époque, la Grande Guerre n’avait pas encore ravagé l’Europe et les moments de joie et d’insouciance étaient fréquents. Pourtant, la douleur, le danger et les vexations faisaient déjà partie du quotidien des Lulus...

Après le détour, en deux tomes, vers la Perspective Luigi (dessinée par Damien Cuvillier), Le scénariste Régis Hautière retrouve Hardoc pour un nouveau cycle de La guerre des Lulus, situé dans l'immédiat après-guerre. On y retrouve Lucien hospitalisé et qui, peu à peu, réapprend à marcher avec sa prothèse, sous la douce surveillance d'Adélaïde. Un tendre sentiment semble naître entre l'infirmière et le leader des Lulus, et leurs rencontres et promenades sont pour Lucien l'occasion de lui raconter son histoire, son arrivée à la Maison des enfants trouvés, l'orphelinat de Valencourt où il fait la connaissance de Luigi, Ludwig et Lucas. Par la force des choses (et les premières lettres de leurs prénoms) et pour résister à la bande du redoutable Octave,  les quatre amis deviendront la bande des Lulus, sans imaginer alors les aventures qu'ils vivront lorsque la guerre éclatera.

Le choix du scénaristre d'offrir au lecteur ce long flash-back constitue un joli point de départ pour retrouver ces sympathiques gamins trop vite grandis au gré des années de la première guerre mondiale. Lucien souffre de sa blessure, de son passé et de l'absence de ses copains, mais cette plongée partagée entre mélancolie et nostalgie dans l'enfance des Lulus les rend encore plus attachants. On mesure aussi l'évolution gagnée au cours des épisodes que nous connaissons, la résistance et la débrouillardise qui en a fait de jeunes adultes. Alors qu'en toute fin d'album Adélaïde et Lucien se voient contraints de se séparer, c'est une belle surprise qui se produit et qui marque la relance vers les albums suivants, le titre du prochain, déjà annoncé, étant...Luigi !

Le dessin de Vincent Lemaire, dit Hardoc, est toujours aussi séduisant. Après avoir fait grandir et vieillir les personnages au cours de cinq albums, le voici contraint de retrouver la physionomie et le visage de leur enfance passée à l'orphelinat. La tâche n'est pas simple mais si l'on peut éventuellement remarquer l'une ou l'autre hésitation, le dessinateur s'en tire avec succès. Retrouver les Lulus en temps de paix permet aussi à Hardoc de s'attacher à de fort beaux décors, notamment ceux du bois proche de la Maison des enfants trouvés. Côté couleurs David Périmony succède à David François avec une palette un rien plus contrastée mais qui ne rompt cependant pas l'harmonie de la série. Ces sacrés Lulus sont de retour, ne boudons pas notre plaisir !