Shi
Tome 4 : Victoria
Scénario : Zidrou
Dessins et couleurs : José Homs
Dargaud
Les larmes du démon
Rattrapées par la police et l'horrible Kurb, Jay et Kita sont prises au piège. Elles parviennent à s'enfuir in extremis grâce à l'aide de Senseï, mais le prix à payer est terrible. Leurs têtes mises à prix, elles s'allient au Dead Ends, le gang de gamins des rues de Husband et Sainte Marie-des-Caniveaux. Ensemble, ils veulent se venger de cet Empire britannique qui les écrase sans vergogne. Et rien de mieux pour parvenir à leurs fins que de profiter des décisions de la Reine Victoria. N'appréciant nullement que les provinces d'Amérique du Nord revendiquent leur indépendance, la Reine a ordonné la construction d'une flotte navale pour aller déclarer la guerre à l'Amérique et récupérer ce qui lui appartient. Un attentat se prépare pour le jour de la mise à l'eau des navires...
Les événements se précisent et s'accélèrent dans l'ambitieuse et spectaculaire série scénarisée par Zidrou et dessinée par José Homs, à tel point que ce quatrième tome y marque déjà la conclusion d'un premier cycle.
Comme son prédécesseur, Victoria se déroule entièrement dans le Londres des années 1850', mais c'est avec beaucoup de plaisir que l'on relira les quatre premiers tomes de Shi afin de tenter de comprendre ce qui relie ce qui s'y déroule et ce que nous avons découvert (brièvement) se passant à notre époque dans les deux premiers épisodes.
La dimension fantastique de l'intrigue, introduite par les démons figurant sur les tatouages des personnages principaux prend cette fois toute son ampleur, des créatures titanesques émergent de la tamise ou hantent les chantiers navals situés sur ses berges.
La rivière coule au coeur d'une capitale aux criantes inégalités. Entre une population misérable et une noblesse que les auteurs nous dépeignent comme pervertie à souhait. Mais le démon le plus redoutable à traverser cette histoire ne serait-ill pas le cruel Kurb, prêt à tout pour arriver à ses fins.
Zidrou signe un scénario dont il est pratiquement impossible de se détacher, de la première à la dernière planche de ce tome. Différents arcs narratifs s'y croisent et s'y complètent habilement au sein d'une intrigue générale riche et complexe, certes sombre mais dont ni l'émotion ni parfois une (très discrète) dose d'humour (noir) ne sont absentes.
Graphiquement, José Homs démontre à nouveau tout son talent dans une reconstitution historique particulièrement soignée qui se décline souvent selon un découpage fort spectaculaire, fréquemment composé suivant des doubles pages en vis-à-vis. Un premier cycle trouve sa conclusion, mais celle-ci ne fait cependant qu'attiser notre curiosité pour la suite. De la grande BD !