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Quitter Brest, par Briac et Yvon Coquil, Briac (Sixto)

Quitter Brest

Scénario : Briac et Yvon Coquil
Dessins et couleurs : Briac

Sixto

« Est-ce que désormais tu me détestes
D'avoir pu un jour quitter Brest
La rade, le port, ce qu'il en reste… »
Christophe Miossec

À travers trois récits, Briac et Yvon Coquil nous invitent à remonter le temps. La gare, l'arsenal, le pont du Bouguen, autant de lieux brestois qui sont riches d'histoires. Avec les éditions Sixto, on avait l'habitude des romans policiers ou des bande dessinées à ambiance policière. Avec Quitter Brest, ils prennent un virage. Le livre ne contient pas un, mais trois récits. Après un prologue amusant (sur une idée de Philippe Marlu, le lettreur officiel du dessinateur), Vent d'Est (initialement paru dans Quais divers) est crée entièrement par Briac, alors que Pari Brest ou Les Hespérides sont des nouvelles illustrées, inédites, écrites par Yvon Coquil.

Si Briac est le point commun entre les trois récits, il en est deux autres : Brest évidemment, mais aussi une ambiance noire. Ce genre émane du roman policier en lui donnant un côté social. Les deux nouvelles d'Yvon Coquil exploitent ce genre en s'imprégnant du champ lexical de Brest. On parle de lieux, de rues, connus des brestois comme des visiteurs. On sent le langage des ouvriers, la rude "douceur" du travail de l'arsenal, les histoires qu'on raconte autour d'un verre.

Vent d'est en version bretonne...

Vent d'est
en version bretonne...

D'un pari macabre au lent glissement vers le point de non-retour, l'auteur montre le côté sombre de Brest. Son style n'oublie pas l'humour des petites gens. C'est dur, cynique et très brestois ! Pour Vent d'Est, Briac parle plutôt de nostalgie et l'impossibilité d'oublier cette "grise" ville. À travers ses cases et ses illustrations, il met en couches superposées son trait et ses couleurs. Le résultat est un instantané de Brest. Si l'ensemble est gris, on y sent un brin de nostalgie. Briac désire-t-il revenir à Brest ? Les illustrations conçues pour les nouvelles sont en couleurs. Là-aussi, les lecteurs brestois comme ceux de l'auteur s'y retrouveront. Graphisme recherché, en relief, où suinte cette ambiance brestoise, faite  de décadence, de dur labeur, sans oublier la camaraderie !

En bonus, un portfolio qui montre la riche histoire brestoise et son architecture. Pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin, les éditions Nadoz-Vor Embannadurioù ont conçu un cahier spécial (en breton) qui en dit plus sur cette période racontée (les années 60). Quitter Brest n'est pas destiné qu'aux Brestois. Si Briac continue d'arpenter la ville avec ses pinceaux, si Yvon Coquil signe deux nouvelles noires au charme brestois, ils nous invitent à une balade dans les rues. Autant de lieux encore vivants ou disparus, autant d'histoires à raconter, à découvrir.

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Hervé Beilvaire
25/11/2015