
Les nouvelles enquêtes de Ric Hochet
Tome 2 : Meurtres dans un jardin français
Scénario : Zidrou d'après André-Paul Duchâteau
Dessins : Simon Van Liemt d'après Tibet
Couleurs : François Cerminaro
Le Lombard
Baiser mortel
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Paris, au lendemain de mai 1968. Les jardins du Luxembourg sont le cadre macable d'une série de meurtres. Des hommes y sont en effet les victimes des baisers mortels d'une mystérieuse jeune femme. Il n'en faut guère plus pour titiller l'instinct fouineur de Ric Hochet, à la recherche d'un scoop propre à enrayer la baisse des ventes de La Rafale.
Parmi les reprises et reboots de séries classiques apparus il y a peu, la relance des aventures du journaliste-détective créé par Tibet et André-Paul Duchâteau a constitué une belle surprise. On pouvait pourtant se demander, après 78 albums de la série initiale, si Ric Hochet n'avait pas tout vécu. Force est de constater que non. Le polymorphe et prolifique Zidrou s'est emparé du personnage et l'a dépoussiéré avec bonheur et beaucoup de respect. Quant à Simon Van Liemt (Poker), s'il ne cherche pas à imiter le trait de Tibet, il semble aisément s'immerger dans son univers.
Meurtres dans un jardin français confirme les bonnes impressions laissées par R.I.P, Ric !, premier tome de ces nouvelles enquêtes signé par le tandem. On sent que les auteurs s'y amusent, mais sont extrêmement attentifs à associer leur travail aux codes des créateurs. Nous ne reviendrons pas sur l'"affaire Bob Morane Renaissance", mais plutôt que la bousculer, on perçoit la volonté de Zidrou et Van Liemt d'enrichir la série initiale, notamment en situant chronologiquement leurs histoires à différentes périodes de celle-ci.
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Ce nouvel opus séduit dans cette optique. Le scénario ne manque pas d'originalité, conserve une petite place pour l'humour et intègre un "dossier" encombrant que l'on pourrait rapprocher de ceux évoqués par Callixte dans sa série Gilles Durance (Paquet). Le rythme est maîtrisé et on se retrouve sur un terrain longuement balisé par Tibet et André-Paul Duchâteau, mais avec, cependant, un petit quelque chose de plus qui fait toute la différence. On saluera ainsi la densité de ces 56 pages !
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Le dessin de Simon Van Liemt participe pleinement à cette savoureuse madeleine de Proust. Si une bonne partie de l'action a pour cadre les jardins du Luxembourg, l'auteur nous balade cependant dans une grande variété de situartions et de décors joliment vintage, et on lui pardonnera volontiers l'une ou l'autre hésitation sur telle attitude ou physionomie. On sourira aussi de la ressemblance de l'un des personnages avec Bastien Vivès.
Quelque part entre la reprise, la prolongation et l'hommage, ces Meurtres dans un jardin français assurent, en tous cas, un agréable moment de lecture tout en jouant délicatement sur la corde de la nostalgie