Jakob Kayne

Tome 1 : La Isabela

Scénario : Sylvain Runberg
Dessins : Mateo Guerrero
Couleurs : Javi Montes

Le Lombard

Le devoir des Hyppocrates

Jakob Kayne et son frère Samuel sont les derniers survivants du peuple des Hyppocrates. Jakob est un combattant, mais aussi un mange-mémoire, capable de s'introduire n'importe où grâce à un don qui est aussi une malédiction : nul ne peut se souvenir de son visage. Samuel est l'héritier du savoir des plus grands guérisseurs. Ensemble, le guerrier et le médecin, ils sont devenus des mercenaires très prisés. Ils reçoivent la mission de guérir la fille malade d'un riche marchand. Mais celle-ci est coincée sur Isabela, une ville assiégée.

Exit les courses de chars de l'antiquité romaine, c'est en effet dans une uchronie que l'on retrouve le dessinateur Mateo Guerrero (Gloria Victis) avec le prolifique Sylvain Runberg à la barre scénaristique. En effet, si les costumes des personnages de Jakob Kayne évoquent le XVIIIe s., la présence d'un inquisiteur nommé...Torquemada (le personnage historique sévissait au XVe s.), les surprenants navires et les pouvoirs du héros et de son frère Samuel achèvent de brouiller les cartes...et nos tentatives de repérages.

On est rapidement captivé par la mission de l'alchimiste-guérisseur, et son infiltration dans une ville assiégée par la flotte des Omeykhims. Sylvain Runberg installe dès le départ un climat de tension et nous dévoile fort progressivement la nature et les talents du personnage central. On aimerait pourtant en savoir plus, mais on imagine aisément que le scénariste développera certaines pistes, notamment quant au passé de Jakob et de son frère lors des prochains albums. En attendant, on profite de l'action généreusement présente dans la Isabela, avec le sourire quand le pouvoir de mange-mémoire du héros lui permet de se tirer de situations périlleuses. Les amateurs d'aventure apprécieront, d'autant plus que ce premier tome peut pratiquement se lire comme un one-shot.

Le siège de La Isabela, ville fortifiée, donne lieu à des scènes spectaculaires. Un créneau fort bien exploité par le dessinateur qui adopte ici un encrage davantage affirmé que dans ses précédents albums. Grands décors, personnages "mobiles", nombreux "figurants" et surprenants esquifs, Mateo Guerrero signe des planches à grand spectacle bénéficiant de la colorisation élégante de Javi Montes. 

On est donc bien servi par ce premier épisode de Jakob Kayne, et même si ce dernier semble voguer vers d'autres horizons à l'issue de celui-ci, il serait étonnant de ne plus entendre parler de Torquemada, du Sultan omeykhim ou de la jolie Victoria. Soulignons que ce "tome d'exposition" accrocheur se découvre sous une couverture assez exceptionnelle, aux inserts dorés, un peu à la manière de celles de la série Les Trois fantômes de Tesla chez le même éditeur.