Le Règne

Tome 1 : La Saison des Démons

Scénario : Sylvain Runberg
Dessins et couleurs : Olivier Boiscommun

Le Lombard

Trois mercenaires

Un tigre, une guéparde, un bouc. Un trio de mercenaires uni par cette réalité intemporelle : l'union fait la force. Surtout quand le monde dans lequel ils doivent survivre n'a jamais été aussi dangereux. Car le règne de l'Humanité est révolu. Et nos trois aventuriers ont à affronter son terrible héritage : des puissances naturelles destructrices...

La bd animalière sera-t-elle une des tendances de 2017 ? On peut l'imaginer, plusieurs auteurs travaillant actuellement sur des projets dans ce genre bien particulier. Première de ces concrétisations, ce tome 1 du Règne de Runberg et Boiscommun s'avère surprenant. En effet, le scénario ne laisse guère au lecteur le temps de souffler et l'immerge dès le départ dans un univers dans lequel, outre quelques vestiges matériels, les seuls souvenirs laissés par les humains sont des phénomènes météo extrêmement violents dûs au dérèglement climatique.

Ce monde est occupé par des animaux anthropomorphes organisés en un semblant de société qui rappelle notre système médiéval. Le mot-clé y est survie et la violence s'y exprime communément. On y suit trois mercenaires, Isaac, Octavia et Pantacrius, escortant un seigneur et ses enfants sur la route du Shrine, et confrontés à tous les dangers que ce chemin comporte...

Sur fond de SF post-apocalyptique, Sylvain Runberg développe un scénario proche de la fantasy, qui étonne par cette déclinaison animalière et l'intervention de ces "démons" météorologiques. L'action s'y taille la part du...lion, mais le récit esquisse cependant de nombreuses pistes qui donnent envie d'en savoir plus sur ce monde étrange et sur le passé des trois héros.

Olivier Boiscommun relève avec brio ce défi très particulier. Ses personnages animaliers sont d'une expressivité impressionnante. Il les détourne, en outre, de nombreux clichés attribués à leurs "modèles". Pas de "gentils" pandas ni de ratons-laveurs "sympas" dans la Saison des Démons, mais plutôt leurs contraires...  

A noter que le dessinateur a expressément modifié sa technique pour se lancer dans ce projet, privilégiant les aquarelles grand format. Le résultat mérite assurément le détour.