Duke

Tome 2 : Celui qui tue

Scénario : Yves H.
Dessins et couleurs : Hermann

Le Lombard

Tueurs

Suite à la multiplication des attaques de diligences, le Marshal Sharp doit réunir un groupe d'hommes capables d'arrêter les coupables.  Ceux-ci ont pour seule piste le témoignage de l'unique survivante à ces attaques : une petite fille plongée dans le mutisme, et dont la soif de vengeance semble intarissable. Duke est ainsi tiré de sa retraite et doit reprendre les armes aux côtés de son frère.

A près de 80 ans, Hermann reste un bourreau de travail, et la qualité de son oeuvre ne souffre d'aucune faiblesse ni baisse de régime. Voici un an, ce géant de la BD se lançait, sur un scénario de son fils Yves Huppen, dans une nouvelle série western, pour le plus grand plaisir de ses très nombreux admirateurs et tout particulièrement des nostalgiques de la mythique série Comanche. Avec un belle régularité, le duo nous propose donc aujourd'hui le tome 2 de Duke. 

On est surpris par la dimension psychologique que Yves H. attribue à son personnage principal. Duke est écartelé entre son passé marqué par la violence et son aspiration à une existence rangée. Le contexte de cette aventure exacerbe ces tensions intérieures et celles-ci occupent, avec des jeux d'influences et diverses pressions, le premier tiers d'un tome 2 qui, heureusement, prend ensuite toute sa dimension.

Le scénariste joue avec ses lecteurs comme avec son personnage principal, et sans doute veut-il nous faire partager le quasi-soulagement de remonter à cheval pour se lancer sur la piste d'une bande de tueurs. De même, Duke conserve une énorme part de mystère(s). Via un fameux coup de théâtre, il se retrouve directement confronté dans cet épisode à un élément de son passé. Mais quand Yves H. répond à une question au sujet de ce héros singulier, c'est pour mieux en poser deux nouvelles dans la séquence suivante.

Hermann s'adonne à une impressionante démonstration de son savoir-faire, et notamment de sa maîtrise des couleurs directes. La traque du "posse" de Duke lui permet d'aborder une grande variété d'ambiances et de climats. Lumières et couleurs sont au rendez-vous pour servir ces protagonistes aux mines souvent patibulaires, mais on reste aussi admiratif, entre autres, face à une double page comme la 42-43 traitée uniquement en nuances de gris. Certaines cases, muettes, apportent aussi, assez paradoxalement, un peu de poésie à ce qui reste un âpre western qui, par certains aspects, s'apparente presque à un roman noir. Déconcertant...mais impressionnant !