
Dent d'Ours
Tome 5 : Eva
Scénario : Yann
Dessins : Alain Henriet
Couleurs : Usagi
Dupuis
La dernière mission
Début mai 1945. Côte est du Canada. Sous le couvert d'une station météo officielle, l'équipage du sous-marin allemand U-867 installe une balise prénommée "Eva". Lorsque le sous-marin est repéré par un Catalina, les lance-roquettes ne laissent aucune chance à l'hydravion des malheureux garde-côtes canadiens. Cette mystérieuse balise à laquelle l'officier SS semble attacher autant d'importance doit en fait permettre de guider le "Silbervogel", l'aile volante qui doit larguer une bombe atomique sur New York. Sans ce radioguidage, il ne restera plus que l'option "pilotage humain" pour guider l'oiseau d'argent nazi...
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Le IIIe Reich est défait, et toutes les tensions et fanatismes éclatent en ces moments chaotiques pour l'Allemagne. Les nazis veulent jouer leur dernier va-tout, réaliser le dernier rêve d'Hitler, bombarder New York avec l'arme atomique. Werner et Hanna Reitsch sont désignés pour cette mission, mais Werner espère encore parvenir à en dissuader Hanna, son amie d'enfance. Pendant ce temps, une course contre la montre débute pour les alliés, désireux de récupérer un maximum de scientifiques ayant mis leurs connaissances au service de l'Allemagne.
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La tension monte, tout au long de ce 5e tome de Dent d'Ours, et le scénario de Yann met en avant, à travers ses personnages, les conflits et déchirements qui pouvaient se manifester entre vaincus, nazis ou non, lors de cette période désespérée. Il continue aussi à explorer la relation entre Hanna et Werner...et Max au cours de plusieurs flash-backs sur l'enfance du trio. Même Hannah, héroïne du Reich et pourtant convaincue par le national-socialisme, en vient à douter, confrontée à certains événements et exactions de ses pairs.
Plus encore que dans les albums précédents, Eva donne aussi l'occasion aux auteurs d'utiliser et de montrer au lecteur les fameuses Wunder-Waffen, armes secrètes d'Hitler avec lesquelles il espérait changer le cours de la guerre. Un aspect, parmi d'autres, qui permet à Alain Henriet d'exposer son talent à travers un dessin réaliste classique qui ne cesse de s'affiner et de se préciser, servi, en outre, par une solide documentation.
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Seul petit bémol, cette dernière s'avère peut-être parfois un rien envahissante chez Yann, et allonge ou alourdit inutilement certains dialogues. Pour le reste, Eva constitue un excellent épisode, fort bien mené et remarquablement mis en images. Il donne, de plus, vraiment envie de connaître la suite -et fin- de ce cycle.
Notons que, parallèlement à la sortie de cet album, Dupuis réédite sous forme d'Intégrale Damoclès, série oscillant entre aventure et thriller (légèrement) futuriste, scénarisée par Joël Callède et dessinée par Alain Henriet. Cet imposant volume regroupe les 4 tomes de la série enrichis d'un dossier inédit rédigé par Damien Perez. L'occasion, parmi d'autres choses, de mesurer l'évolution du travail du dessinateur effectuée depuis, ainsi que de celui de sa coloriste attitrée, Usagi.