
Les Tuniques bleues
Tome 65 : L'envoyé spécial
Scénario : BeKa & Munuera
Dessins : Munuera
Couleurs : Sedyas
Dupuis
Liberté de ton
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Londres 1861. William Russell, journaliste au Times, couvre une grève dans une usine, au grand dam de ses supérieurs qui lui reprochent de se ranger du côté des ouvriers. Pour se débarrasser de lui, la rédaction du journal l'envoie de l'autre côté de l'Atlantique où la guerre de Sécession fait rage. En Amérique, dans le camp de l'armée nordiste, le caporal Blutch et le sergent Chesterfield sont chargés d'escorter ce drôle d'observateur anglais, flegmatique et distingué, qui prend des notes sur le champ de bataille en chevauchant une mule.
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Petite révolution chez les Tuniques bleues et leurs admirateurs ! En effet, cet album, le n°65, est publié avant le...n°64 et L'envoyé spécial est signé BeKa et Munuera...d'après Cauvin, Salvérius et Lambil. Raoul Cauvin ayant annoncé son souhait de se retirer de la série, Willy Lambil avait besoin de temps pour se faire à la nouvelle...tout en travaillant au tome 64 qui sera donc le dernier scénarisé par Cauvin. Entretemps José Luis Munuera et les BeKa (Bertrand et Caroline Escaich) avaient écrit un scénario...dont Munuera, enthousiaste, entamait la mise en images. Le scénario de L'envoyé spécial qui met en scène William Russell, journaliste britannique et premier correspondant de guerre de l'Histoire.
La liberté de ton du journaliste est évoquée dans le récit, mais elle est également de mise pour l'album. Les auteurs se montrent respectueux de l'oeuvre de Cauvin, Salvérius et Lambil mais ne cherchent pas à les imiter. José Luis Munuera conserve son trait souple et élancé, ce qui a forcément un impact sur les physionomies de Blutch et (surtout) Chesterfield, et certaines scènes sont très spectaculaires.
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L'approche des BeKa diffère également de celle de Cauvin et si on y retrouve certaines constantes, on y perd (un peu) en bonhomie. Les auteurs nous rappellent que cette histoire se déroule pendant une vraie guerre, cruelle, mais nous réservent aussi quelques moments émouvants. L'humour se fait plus discret et on a parfois la sensation, à la jonction de deux séquences, que les scénaristes ont quelque peu hésité quant à la direction à privilégier..
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Ceci n'empêche pas L'envoyé spécial d'être intéressant pour les très nombreux lecteurs des Tuniques bleues et surtout davantage captivant que certains des récents épisodes -qui, reconnaissons-le, ronronnaient un peu. On a aussi apprécié un sympathique clin d'oeil à Raoul et Willy, dynamiteurs de ponts, et l'apparition de deux cavaliers qui menèrent avec le caporal Blutch et le sergent Chesterfield Un chariot dans l'Ouest voici 50 ans déjà dans les pages de Spirou !